MADAME |
MONSIEUR |
Mme n’oublie jamais les lieux chargés d’histoire. L’hôtel Berger a abrité des milliers d’histoires, du temps où il était un lieu de rendez-vous. Du temps où Bruxelles bruxellait. Fascinant endroit. A l’époque (en 2009) Mme y avait loué tout un étage pour y produire le tournage du book trailer (bande-annonce) de son livre. Le Berger déclinait. Le concierge parlait de fermeture. Les visiteurs ne se lassaient pas du décor désuet des chambres, des tapisseries, des colonnes à facettes miroitantes de salle de bain, des fauteuils rétro comme le crapaud de la chambre rose, aussi. Puis l’hôtel a été racheté et rénové. Avec soin, dans l’esprit années trente, avec moult détails qui flattent l’oeil des amateurs d’art déco, comme ces tapisseries luxuriantes, qu’on retouve au restaurant aujourd’hui. Maintenant que le lieu est à la mode, le Berger cherche la bonne formule pour son restaurant. C’est là que le réputé voisin restaurateur entre en scène: il lance les soirées Vini Divini Aperitivo du mardi au samedi soir. Une bonne idée, surtout si vous appréciez les cocktails italiens (genre Apérol Spritz) et vous contentez de l’Antipasti misti (20 €, copieux) dégusté sur les tables hautes à l’avant du restaurant et que vous prévoyez une sortie au théâtre ou au ciné (c’est le quartier Porte de Namur*)… Cependant, si vous recherchez une table gastronomique ou une brasserie aux mets originaux, délicats et variés, passez votre chemin. L’escalope panée n’a rien d’extraordinaire, servie avec quelques feuilles d’iceberg et un balsamique sans saveur. Mme a soupiré quand on lui a apporté une part de gâteau au chocolat trempé dans l’alcool, alors qu’elle avait (selon le conseil de la serveuse) opté pour le gâteau aux fruits rouges. Enfin, une autre serveuse tout aussi nonchalante lui fit remarquer qu’on ne commande pas de pâtes avec la viande: ça ne se fait pas. Mme croyait que le client est roi. Soit. Mme est du genre à donner une seconde chance à une table qui se cherche. * Mieux vaut ne pas vous rendre rue du Berger en voiture, le parking de l’hôtel est souvent bondé et les sens uniques vous feront tourner en bourrique ! On nous dit qu’il s’agrandira d’ici quelques mois. |
M. est d’ascendance italienne et n’avait plus fréquenté ni le Vini Divini, ni l’Hotel Berger depuis fort longtemps. 2001 pour le premier, 2009 pour l’hôtel. L’union des deux adresses emblématiques de la rue du Berger semblait mériter une attention particulière. Au final, malgré les imperfections qui vont suivre, M. n’a pas vécu une mauvaise soirée, car passé un certain niveau de déconvenue il se rappelle que Porte de Namur entre 2 heures de patience au Yamato, un spagh à la Spaghettière Canardière, Hana bondé et le Saint-Boniface fermé le week-end, le plaisir est une valeur rare sur ces terres ixelloises. La nourriture est très bonne, le service souriant, le câdre soigné. Le sommelier apporta aussi grâce à ses attentions et son humour une distance utile à l’acceptation du moment. M. serait-il trop exigeant ? La formule « aperitivo », 3 entrées, 2 plats limite drastiquement les choix. Dans les entrées les antipasti misti (20€) proposent des légumes croquants froids, de la charcuterie (jambon, salami) et une boule de mozarella pour 2. Avec le pain, c’est une entrée gourmande, bien maîtrisée. Pour suivre, voir écrit au tableau Cottoleta di vitello alla Milanese pour se faire servir une Scaloppine alla Milanese, le tout matiné d’explications de texte par une serveuse venue en renfort faire face à la horde d’un bouche à oreille enthousiaste, voilà des approximations qui font sourire. L’os est ici dans le manque d’os. Surtout lorsque confronté à l’escalope, ses tomates cerise et sa salade iceberg noyées de balsamique et d’huile d’olive, on demande si l’on peut avoir des pâtes, on s’entend rétorquer que le cuisinier tuerait la serveuse pour cette faute de goût, ici on est chez un vrai italien. Okay. Mais l’os est ici dans le manque de féculent. Soit, la frustration est un poison que distillent toutes les mamme de la péninsule, on fera avec ce « sans » pour ce soir, mais n’espérez pas que l’on s’en réjouisse, au mieux on se demande pourquoi les primi piati ne sont pas de la partie ? A 25€ cette vérité, la mémorisation est assurée. Pour conclure, les desserts furent présentés de manière approximative. Une génoise annoncée aux fruits rouges se révèle être une sorte de baba au chocolat (la carte était exacte); d’un affogato (glace noyée dans une expresso) servi monté, après avoir lanterné sur le bar, seule la tasse montrait encore des traces de chaleur, la glace fondue avait refroidi l’espresso, les desserts n’ont de fait guère d’intéret, 8€ en moyenne. Le tout consommé sur une bande-son disco-soul-funk (Barry White, Lionel Richie et M. Jackson,…) dont le manque de nouveauté et la présence marquée au final agacent. Un lieu prometteur, vivant, dans un quartier en mutation, mais qui mériterait quelques ajustements pour parfaire le plaisir de la visite. |
Le Berger
Rue du Berger 24
1050 Ixelles
Tél. 02 510 83 40
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