MADAME |
MONSIEUR |
En cuisine, comme en amour, il est question de dialogue, d’accord et de saveur. Damien Bouchéry et sa compagne Bénédicte Bantuelle ont l’art d’accommoder ces ingrédients. Les yeux pétillants, la maîtresse de maison aux boucles rebondies détaille la carte et les possibilités de décliner chaque plat en deux propositions selon l’appétit. Elle parle volontiers de cueillette, de fleurs et des découvertes qu’offre le terroir. Mme, en croquant un quignon de pain avec une noix de beurre au citron – le tout fait maison – se voit passer l’après-midi pour explorer la carte, riche en possibilités. Baies de sureau, bouillon de chrysanthème, puntarella. Trois évocations pour titiller l’imagination. De même, le sommelier attire l’attention par sa sélection, comme ce vin d’Alsace non filtré, non sulfité, Domaine Julien Meyer, 2011. Sa robe répond à son nom, Solis. Joyeux soleil. Arrivent les langoustines bretonnes, servies avec des joues de bœuf et des carottes fumées. Mme a une passion pour tout ce qui est fumé et pour les morceaux particuliers du bœuf comme la joue et la queue. Rien de tel qu’une joue fondante, relevée d’un jus épatant. Puis une assiette de petits bateaux de lotte fait son show, arrosée d’un délicat jus de genièvre et d’une sacrée purée de panais, tandis qu’une pointe de citron confit renverse les sens. Pour s’envoler au septième ciel, Mme s’offre un dessert étrange, équilibré en goût et en sensation : le cake au potimarron (fondant), le crumble au pollen (croquant) des quartiers de mandarine (juteuses) ainsi qu’un sorbet d’agrumes (acide) et de berce. Divin. Trois mignardises font les belles sur le plateau à café : cigarettes de fleur de capucine, loukoum au sureau, dacquoise au beurre salé. Pour sa troisième venue chez Bouchéry, Mme plane. Une impression d’avoir évolué dans un univers champêtre, parmi des hôtes à l’émerveillement muet. |
Le lunch, un mardi froid d’avant Carême. Serpenter en vitesse vers le bas d’Uccle, là où la chaussée d’Alsemberg concentre les restaurants avant de filer vers la Flandre. Destination Bouchéry, une première pour M. Il a déjà eu vent des louanges de Mme pour l’endroit (il eut fallu être sourd pour l’ignorer). Il la soupçonne de ne pas être objective, de céder à la mèche rebelle et au bleu acier des yeux de Damien Bouchéry. Il va falloir juger sur pièces. Un mur de briques, une volée de marches, un jardin qui fait espérer l’été, un vestibule où l’on est accueilli entre la cuisine et la véranda. Sourires. Table avec vue sur le jardin. Nappe blanche, lustres turquoise, chaises danoises, boudins écrus pour calfeutrer les fenêtres. Le cadre fait mouche, une élégance hivernale, juste. Cartes. Palabres curieux et gourmands pour jauger les plats en deux déclinaisons, le lunch et les curiosités éveillées par la carte et détaillées par Mme Bouchéry. En quelques mots jetés en désordre : le pain suave comme un cake, le cabillaud nacré, le pigeon rosé qu’animent les baies de sureau, les chicons en dessert, la glace maison aux herbes, le cake au butternut façon pain perdu, le poivre judicieusement mouliné, les vins adéquats. Et comme les tables sont proches, les convives souriants et que le sommelier est loquace quand on le questionne, il règne une atmosphère détendue, propice au relâchement, à la naissance du plaisir. On goûte, déguste, commente, détaille, écoute, mastique et le temps suspend son vol pour laisser éclore ces instants magiques où tous les sens en éveil, on se sent vivant, ici et maintenant. M. a dû courir pour rejoindre son rendez-vous suivant, le temps avait par magie disparu de ses préoccupations. Un miracle. |
Restaurant Bouchéry
Chaussée d’Alsemberg, 812 A
B – 1180 Bruxelles.
Tél. : 32(0)2 332 37 74
Mise à jour de mai 2017 : Le midi, du mardi au vendredi, buffet végétal à 17 euros
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