A force de fréquenter les restaurants, Mme et M. connaissent quantité de chefs dont ils voudraient goûter la cuisine sans avoir toujours le temps de les visiter.
Les inspirations des uns, les références des autres, les amis de tel concours lient les chefs entre eux et ils les recommandent, nous les conseillent. Animation entretenue par les attachés de presse, les créateurs de nouveaux guides, les foodies qui s’évertuent à ce que les tables nouvelles et de qualité ne restent pas des secrets.
La première année de l’ouverture de son Palégrié, Guillaume Monjuré avait connu un sacre en étant distingué comme meilleur cuisinier selon le Fooding (excellent guide en ligne par ailleurs). Mme avait croisé sa sympathique moustache dans les forêts du concours de cuisine sauvage au Knuthenlund Native Cooking Award en septembre 2014 et rencontré sa partenaire Chrystel Barnier…
MADAME |
MONSIEUR |
Mme est sous le charme d’un chef moustachu. Elle avait tenté d’obtenir une table chez Palégrié l’été dernier, mais il était fermé le samedi. De retour à Lyon en juin, elle a réservé un vendredi soir. La table zéro, celle qui est accoudée à la cuisine. Aux premières loges, Guillaume Monjuré et son assistante forment un harmonieux duo dans la cuisine minuscule. Les poêles volent, les casseroles s’échangent, les couteaux tailladent, les bras fouettent, et quand un plat est prêt à être envoyé, la main du chef scande d’un coup sec la table de travail. Deux coups. A chaque bouchée, c’est la régalade, la surprise, l’envol. Chaque produit a été pensé, travaillé, maturé, rehaussé : des courgettes violon d’Italie, crues dans une crème. Des perches pêchées dans la région, patiemment rincées dans des bassins. De petits artichauts violets au beurre. Une viande tendre, Rouge des prés du centre de la France, avec une cecina, un jambon espagnol puissant. Des asperges ornithogales du Doubs, avec un thé Matcha. Un poisson, la féra. Puis, le chef d’œuvre : une volaille de Bresse, un pickles de noix extraordinaire, vert en bouche, noir dans l’assiette, l’astringence n’a pas encore eu le temps de s’emparer de la noix verte, pas mûre, sans peau. Soudain, tout s’explique, le cuisinier s’amuse à patiner les goûts. Sa volaille de Bresse a été maturée un mois, sa noix verte mise en pickles un an, le cerfeuil cueilli du jour… Guillaume est un artisan du temps. Il partage sa curiosité envers les produits, ses découvertes, les accords à tenter, son amour de la bière belge, aussi, la Gueuze, le Lambiek… Vins nature, naturels Mme partage sa joie, elle terminera cette glace au poivron rouge, sablé chocolat, framboise et ces abricots, glace romarin et céréales d’avoine. Lyon a décidément tant à offrir, que ce soit du côté des classiques, des bouchons ou de la jeune génération.
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M. n’aime guère suivre des histoires de décapitation à la télévision, à un jet de tram de son hôtel lyonnais, les premiers jours d’une canicule tenace, l’ambiance à Lyon était un peu plombée pour un premier vendredi d’été. Direction la presqu’île pour une soirée de découvertes et retrouvailles et se changer les idées. Le Palégrié est un restaurant bistronomique proposant chaque jour une carte nouvelle. Fruit du marché, des envies du chef, de l’évolution de ses recettes et du succès de ses propositions. Une cuisine vive et vivante en phase avec le présent. Mme et M. décrochent la table zéro. Deux tabourets confortables face au passe de la cuisine, vue imprenable sur le chef et sa commis. L’équipe est minime, le travail exécuté avec un minimum d’apprêt. Le menu du jour à 43€ propose 5 services, le promis juré à 69€ est un menu sans fin, où le client ou le chef jette l’éponge au moment où l’un d’eux n’en peut plus de cuisiner ou de manger (c’est plus souvent le client qui cède…). Nous optons pour le menu du jour, vins au verre au gré des propositions de Chrystel, de belles surprises en perspective. L’enchaînement des assiettes est un festival de fraîcheur, de délicatesses de surprises. Des noix vertes en pickels, des perches reposées en eau vive pour minimiser le goût de vase qu’elles pourraient avoir, nos première girolles, des viandes françaises de races confidentielles, des glaces maison. Si l’assiette est riche, les rencontres en salle ne laissent pas indifférent M. qui a pu parler du renouveau des brasseries en France avec un amateur éclairé, qui connaissait toutes nos références et les jugeait à l’aune d’autres qu’il faudra que nous testions. Une Néerlandaise, qui avait fait la route pour goûter un produit qui n’était plus de saison et qui fût ravie des autres propositions, une excellente humeur régnait en salle et en cuisine, une communion chaleureuse autour du plaisir de partager une belle table et des agapes joviales, bien loin de l’horreur de l’époque et de la folie des hommes. Il faut cependant l’annoncer : foncez à Lyon avant l’hiver car Guillaume Monjuré déménagera à Corrençon-en-Vercors en décembre. |
Palégrié
8 rue du Palais Grillet
F – 69002 Lyon
Tél: 04 78 92 94 84
Guillaume Monjuré nous a chuchoté ses bonnes adresses à Lyon :
Le café Mokxa (en bas de la Croix-Rousse) : torréfacteur de cafés fins.
9 boulevard Edmond Michelet
Tél : +33 4 82 91 3024
La cave de Cécile : table gourmande pour le midi.
12 Rue Longue, 69001 Lyon, France
Tél : +33 4 78 27 30 99
O vin d’anges : bonne table, sélection de vins naturel.
2 place Bertone
69004 Lyon
Tél : + 33 9 51 88 20 99
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